Être vraiment soi-même

 Et permettre aux autres de l'être aussi

Sois toi-même. Un beau conseil assez cliché qu’on entend vraiment souvent quand les difficultés relationnelles surviennent. Ça semble si “évident” mais par observation il est garanti que les humains passent au moins 99% de leur temps à essayer d’être autre chose que soi-même.

Physiquement, psychologiquement, émotionnellement, on nous martèle à coup de conformité dès notre plus jeune âge et c’est genre “exprime-toi” mais dans le paramètre acceptable défini par les statistiques de la “normalité”. (Pas le goût de rentrer dans le rent sur la publicité, l'éducation pis toute, you get the point). Et aussi longtemps que je me souvienne, mon existence a été une lutte à coup de marteau dans la normalité.

Quand je pense à ma vie (dans mon effort thérapeutique qu’est ce blog), je réalise qu’être moi-même m’a jamais apporté grand joie. Être moi-même c’est être tellement radicalement à contre-courant de ce que mes parents s’attendaient, de ce qui rendaient confortable mes petits amis d'école, des standards de l’industrie de mes collègues graphistes puis tatoueurs, de l’image des gens de la communauté spirituelle, des attentes de mes partenaires intimes et finalement de l’idée que mes clients se font d’une expérience de tatouage. Être marginale (lire isolée), malgré la dizaine de gens que je fréquente chaque semaine, est devenu MA norme. Et ça pèse lourd avec le temps.

Me “conformer” (copie qu’on forme) m’a jamais vraiment réussi non plus. Ça me rend juste vraiment awkward avec l’impression de mourir en dedans. J’aime mieux être awkward avec un semblant d’impression de vivre.

Récemment j'ai fait un exercice et le coup de marteau c’est moi qui l’ai mangé dans la face parce que j’ai eu une grande révélation.  La question posée est simple (mais pas facile) : quel est le cadeau que j’offre au monde? (C’est-à-dire, qu’est-ce que je sais faire de mieux qui a une utilité quelconque pour mon prochain?) J’y ai pensé un peu : Quel est le fil conducteur entre mon choix de carrière, mon approche créative, mon travail d'écriture, mon travail spirituel et mes choix esthétiques (comment je choisis de me présenter au monde)? En fait mon plus grand cadeau est germé de mon plus grand besoin, qui est la création d’un espace où les gens sont acceptés et peuvent être eux-mêmes, leur donner l’inspiration de conquérir leurs rêves et leurs désirs, de se créer eux-mêmes. To allow, enable, empower and inspire.

C’est quelque chose que j’ai travaillé vraiment fort à accomplir dans mon travail et j’ai longuement écrit sur le pouvoir thérapeutique et transpersonnel du tatouage. Avec l’approche holistique, c’est pour moi un honneur d’y prendre part. En choisissant une apparence marginale, j’inspire aux autres à s’accorder peut-être un dixième de mon excentricité. En me permettant d’exprimer mon vécu, ma douleur et mes idées par écrit, je valide d’autres à éprouver les mêmes émotions, voire à les exprimer à leur tour.

Là où ça se corse, c’est dans mes relations intimes, là où le désir de plaire et d’être aimée me fait faire des choix ou agir contre ma nature. La peur du rejet kickant in a plein dans cette zone vulnérable où on se révèle profondément (en amitié comme en amour). J'aime les gens vraiment trop fort parce que j'ai vraiment trop besoin d'être aimée. Je vois les potentiels des gens et me fend en quatre pour leur permettre de le manifester parce que j'aurais tellement voulu que quelqu'un facilite le mien. Je donne tout ce que j'ai et permets beaucoup trop dans l'espoir de recevoir la même permission et le même espace, au point que je me perds dans mon effort de sauver le monde. J'aime les âmes perdues, les mal aimés et les esprits torturés, les weirdos, les marginaux et les outcasts parce que j’ai la conception (sûrement erronée) qu’ensemble, on se comprend, mais plus souvent qu’autrement, je finis comme la bouée de sauvetage qui se fait traîner au fond à grand renfort d’abus variés.

Mais la vraie question est : comment je me permets à moi-même d'être pleinement moi? De m'accorder l'espace dont j'ai besoin, d'adresser mes propres besoins émotionnels, physiques et mentaux (parce que c’est clair après 32 ans que personne va le faire à ma place)? Et de là, comment faire place à l’autre personne de s’accorder la même chose à elle-même ? Pour finalement rentrer sainement en relation. J’ai pas encore de réponse solide, mais ce qui est clair, c'est que ça passe par une maudite bonne connaissance de soi.

J’ai compris récemment que d’aider les autres n'est vraiment pas une bonne idée. Premièrement parce que de façon inconsciente cette personne-là va toujours nous associer avec le moment de leur vie ou ils “n'allaient pas bien”. Mais aussi et surtout parce qu'on leur vole l'occasion d'être empowered par eux-mêmes et ainsi apprendre de précieuses leçons de vie. Apporter son aide et apporter son support sont deux choses radicalement différentes. D'un côté, on essaye de pousser, de changer, d’influencer. De l’autre, on permet, on crée un espace, on est présent.
 
La vérité, c'est que je suis (encore) en train de mettre fin à une relation dysfonctionnelle entre deux individus endommagés. Avec le temps, je suis devenue pro dans l’art de la séparation, donc on essaye de faire ça productif, avec de la belle introspection. On se sépare en beauté. J’ai donc eu la chance de partager ma réflexion avec mon (ex)partenaire et on est arrivé à faire une liste de points essentiels (qu’on a clairement raté la shot) pour entrer sainement en relation (de couple, mais je pense que ça s’adresse à tout type de relation profonde). Je partage :

  •     Reconnaître l’importance de l’espace personnel sacré et la liberté intrinsèque de l’autre personne
  •     Construire la relation sur des valeurs communes entendues (et non perçues).
  •     Partager des objectifs et projets.
  •     Accepter et valoriser les différences de chacun.
  •     Être disponible pour supporter l’autre dans les moments individuellement difficiles.
  •     Inspirer et être inspirés (à être la meilleure version de nous même possible).
  •     Permettre une communication authentique, l’expression des émotions dans un espace sans jugement.
  •     Être ouvert, flexible et spontané (être libre de créer et co-créer).
  •     Avoir un réel intérêt et respect pour ce que l’autre personne EST (et non FAIT ou POSSÈDE), menant à une authentique connaissance de l’autre.
  •     Avoir des ententes (agreements) solide pour éviter les déceptions et les attentes non remplies (expectations).
  •     Avoir un self-assessment continu et le partager avec l’autre partenaire.
  •     Connaître ses limites (boundaries) et les faire connaître à l’autre.

 

Allô le travail de self-healing. Ceci dit, j’ai trouvé cette belle petite série en image qui illustre pas pire c’est quoi “être soi-même”, dans le cadre d'un travail créatif. Je partage aussi.

 


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