Le bonheur est dans le lâcher prise

Quand j’avais 20 ans j’avais une idée de toutes les choses que je voulais accomplir de ma vie et qui je pensais me rendrait heureuse. J’avais des rêves. Avoir un studio de tatouage, être célèbre, voyager, avoir un chum vraiment hot qui serait mon parfait complément (en plus d’être un merveilleux amant, de s’entendre bien avec mes amis et ma famille, etc.) avoir une maison en roche à la campagne pis faire plein de cash.

 

Ben dans les 10 ans qui ont suivi, la vision était tellement puissante que j’ai pratiquement réalisé tous mes désirs. J’ai eu 3 différents studios, le 3e étant le summum de ce qu’on pourrait avoir dans le domaine, avec des gens que j’aimais, un succès fou, un gros revenu… mais 70h de travail par semaine, un stress fou et finalement un presque burnout qui m'a fait abandonner ma propre entreprise du jour au lendemain (the rest is history). Donc est tombé mon premier mythe du bonheur : ma carrière de rêve. De là, j’ai amorcé un processus de déconstruction que j’aurais même pas cru possible. 

 

Dans ma fameuse retraite de méditation, j’ai appris un truc ou 2 (que je rumine d'un blog à l'autre depuis). Entre autre que la souffrance humaine n’a que 2 causes : les choses (personnes, circonstances) auxquelles nous sommes attachés, et les choses (personnes, circonstances) que nous cherchons à éviter. Ensuite qu’il n’existe qu’une seule loi universelle et c’est l’impermanence. C'est-à-dire que tout change. Donc en acceptant que tout change, d’être attaché (et donc souhaiter que quelque chose perdure indéfiniment) va forcément causer de la souffrance. Donc plus on accumule de choses (d'idées et de croyances), ben plus on est attachés et plus on souffre. Donc forcément, avoir moins (de choses, d'idées et de croyances) fait de nous une personne libérée (et donc dans mon livre plus heureux). Dans le concept ça va, mais quand on regarde à appliquer ces concepts là inconditionnellement à notre vie quotidienne, c’est une autre paire de manche. Bref.

 

Lâcher prise sur les idées

(les rêves, les projections, les projets, les idéaux, les plans, les attentes, les choses qu’on tiens pour acquises, les présomptions....) 

 

Avoir un rêve c’est une recette pour être malheureux. Et ce, qu’on l’atteigne ou non. Parce que le jour ou le rêve est atteint on perd notre raison de vivre et on cherchera toujours infatigablement la prochaine chose, le prochain rêve. Parce qu’on est conditionné depuis toujours que lorsqu'on obtient une chose, on doit rechercher ce qu'on peut avoir de plus, sinon on est des losers, sinon notre vie devient vide de sens. C’est une des raisons pourquoi les gens s’auto-sabotent pour ne jamais arriver a leur rêves. Ou pourquoi on surconsomme comme des malades. Moi je dis “fuck the dream, live right now.” Y a RIEN qui m’a jamais autant apporté de bonheur que d’être présente dans un moment. Embrasser mon fils, faire l’amour, lire un livre et chiller au bord d'un lac. Pas les heures infinies à travailler pour ci ou ça. Parce que tous les accomplissements sont éphémères. Un nom sur un trophée ou 100 000$ mais vraiment who cares. Mon ego ne vaut pas les moments perdus. Pendant ce temps là la vie s’est passé sans nous. Achievements are ultimately meaningless and empty. 

 

 

Lâcher prise sur les choses

 

On a tellement besoin de rien pour vivre. Comme dernièrement, j’ai réalisé à quel point j’étais riche. J’ai déjà tout ce dont j’ai besoin pour subvenir à mes besoins jusqu'à la mort. Une petite maison, un véhicule qui fonctionne (et qui est beaucoup trop luxueux pour rien mais bon je l’ai so on va l’user a fond), de la bouffe, un lit. Des livres et l’internet. Et je peux voir 1000 façons dont je pourrais réduire ça de beaucoup. Mais POURQUOI je m'acharnais donc à travailler 70h?!?! C’est ridicule. Je peux travailler 15-20h par semaine et avoir en masse d’argent. Je ne veux pas travailler plus pour avoir plus. Je peux avoir moins pour travailler moins pour vivre plus. Ça fait du sens me semble? Et j’ai en masse de trucs de valeur que je pourrais facilement me détacher, vendre etc. Ma vie c’est déjà du gros luxe quand je me compare à la population mondiale. Faite moi pas brailler avec l’inflation et du coût de la vie ou parce que quelqu'un à “besoin“ d'un nouveau top de comptoir ou d'un nouvel iPhone. 

 

 

Lâcher prise sur les lieux

 

L’herbe est jamais plus verte ailleurs. J’ai déménagé 14 fois en 12 ans. J'ai toujours voulu vivre ailleurs, partir pour l'Europe ou LA. Bullshit. J'ai vu d'autres personnes se sauver d'une place à l'autre au gré de leur malaise intérieur pour finalement réaliser que notre marde de dedans nous suit partout. Don't get me wrong. Voyager c'est super pour découvrir de nouveaux horizons pis toute. Mais pour se sauver ça donne rien. Aujourd'hui dans mon travail j'ai la chance d'avoir du temps de qualité avec toutes sortes de gens de tous les âges et tous les backgrounds et c'est merveilleux. J'ai littéralement le monde à ma porte. 

 

Lâcher prise sur les événements 

 

On a aucun contrôle sur les choses qui arrivent dans la vie. Point. On peut essayer de prévoir, de planifier, de projeter, mais en vrai ça arrive JAMAIS comme on pensait. Jamais. C'est la loi de Murphy, y a trop de paramètres et plus la projection est solide, plus ça a tendance à nous péter dans la face. Shit HAPPENS. C'est la réalité fondamentale de l'existence. Better get used to it. Roll with the punches like a fucking zen master. 

 

 

Lâcher prise sur la sécurité 

 

La sécurité est un mensonge. C’est une tactique de marketing TELLEMENT efficace. Car à peu près tout ce qu’on achète est avec la promesse de plus de sexe (ou plaisir), ou plus de sécurité (ou confort). La vérité c’est qu’on est à l’abri de rien. La guerre, les catastrophes naturelles, les solar flares, les astéroïdes, ton voisin psychotique et son shotgun ou l’alcoolique au volant. Rien. Ton enfant peut se faire kidnapper demain, tu peux tomber dans le bain et devenir paraplégique. Ça revient encore à la gratitude de chaque moment. Et ce sentiment subconscient et pervers de manque de contrôle est ce qui nous rend anxieux malgré tout nos efforts, gadgets et assurances. Let it go. Enjoy the moment. Whatever it may be. Je cite mon ami Guillaume : on est comme dans Alice au pays des merveilles : un monde rempli de magie et d'aventures, mais aussi de dangers... sinon, la vie serait plate!

 

 

Lâcher prise sur les gens

 

Par le fait même de côtoyer intimement tant de gens différents dans mon travail et par mon ouverture sur le monde via les zinternets, j'ai appris une chose fondamentale. Chaque personne au monde expérimente sa propre réalité. Même à l'intérieur d'une communauté donnée (disons “les québécois”) 2 voisins vont vivre une réalité radicalement différentes, avec des valeurs en fonction de leur expérience propre. Donc multiplions ça à la grandeur du monde dans la variété infinie de l’expérience humaine, c’est IMPENSABLE pour 1 seconde de s'imaginer que notre vision des choses est la bonne. Point. Donc quand on réalise à quel point notre vision est subjective et unique à nous (et souvent WRONG), on a 2 choix : virer fou et commettre un crime violent, ou cultiver la tolérance et l’acceptation pour l’Autre avec un grand A (dans toute la diversité de race, culture, philosophie, religion, âge, sexe, orientation, opinion politique pis toute pis toute). Dans la loi universelle de vivre et laisser vivre et de “fait pas aux autres ce que tu veux pas qu’on te fasse”, ce que les autres pensent et font ou croient, c’est juste pas de nos affaires.

 

Dans le couple

 

Ça fait longtemps que j'ai réalisé que l'amour est vivant et partout. J'ai toujours aimé mes conjoints profondément (et j'aime toujours beaucoup la plupart de mes exs) mais ça m'a malheureusement jamais empêcher de tomber amoureuse encore et encore. 

 

ON NE PEUT PAS POSSÉDER LES GENS. Il feront toujours ce qu'ils veulent. Même dans la promesse ou le sous-entendu d'une relation exclusive pour l'éternité, shit happens. Au mieux la personne concernée va refouler ses émotions au prix de grande souffrance, au pire la personne trompera (comme une soupape pour la pression) ou laissera son partenaire actuel même s’il l'aime encore. Moi je trouve qu'après 20 ans de virer en rond dans ces 3 options comme un lion en cage, j'avais besoin de chercher pour un autre modèle. J'aime imaginer un monde où mes partenaires sont libre d'aimer, où je suis libre d'aimer et ça n'enlève rien à ce qu'il y a de spécial entre nous ni à nos engagements (exemple : un engagement d'exclusivité sexuelle s'il y a lieu). Chaque jour je garde en “check” mon attachement, c'est-à-dire cet élan possessif illusoire (ressenti dans l'émotion qu'est la jalousie) et je sais que la loi de l'impermanence aura raison tôt ou tard de nous (par la mort si ce n'est pas par nos choix de vie). Toute relation est de façon inhérente changeante et transitoire.  

 

Lâcher prise sur Soi

 

Par la pratique continue de la médiation et de plein d'autres choses weird qui se sont passées dans ma conscience, j'ai fini par comprendre que je ne suis pas vraiment moi. Je ne suis pas mon corps. Je ne suis pas mes émotions. Je ne suis pas mes pensée. Mon “vrai moi” est l’observateur de toutes ces choses. Je ne suis aucune des étiquettes qui sont attachées à mon expérience physique. Femme, millénale, mère, tatouée, artiste, entrepreneure, bisexuelle, blogueuse, blanche, québécoise, hippie, conjointe, divorcée… Ces mots veulent me confiner et me limiter dans une zone facile à appréhender pour autrui. Mais quiconque essaie de me définir en ces termes passera toujours à côté de l’expérience de qui je suis vraiment. Par le même fait j’essaye de ne jamais confiner les autres à aucune de ces mêmes étiquettes, mêmes s'ils choisissent de les utiliser pour eux-mêmes. Je n’ai pas besoin de sous-titre. Je veux juste être moi et vivre selon la plus juste expression de mon essence véritable.

 

Aujourd'hui j'ai pu de rêves. J'ai de la gratitude pour chaque chose et chaque moment de confort car je sais très bien que ça pourrait m'être enlevé du jour au lendemain. J'essaie d'accorder ma pleine attention à chaque personne que je rencontre. Je veux aimer le plus que je peux sans retenue, m'imprégner de présence. Je contemple beaucoup la mort comme étant la seule certitude de la vie. Et dans cet objet de contemplation je me suis jamais autant sentie vivante, sans attentes, sans attaches et en paix. 

 

Write a comment

Comments: 3
  • #1

    Guillaume (Saturday, 05 May 2018 11:21)

    Une vague d'émotions monte en moi à cette lecture. Je te serre fort dans mes bras.

  • #2

    Mariane (Saturday, 05 May 2018 18:56)

    Combien de fois t'ai-je répété que tu es une héroïne et que tu es magique? Je sens mes mots inutiles parce qu'il me semble que je te les ai dits si souvent qu'ils perdent leur saveur à chaque fois. La vérité (MA vérité) est que chaque fois que je ressens l'impulsion de te le rappeler, la certitude et la conviction que mes sentiments sont vrais sont encore plus forts que la fois précédente.

    Karine, tu es si forte! Ta puissance vit dans ta capacité à t'assumer, peu importe les choix que tu fais ou les élans que tu suis. Tu es puissante en admettant tes faiblesses et tes erreurs. Tu reconnais la valeur de tes apprentissages qu'ont été tes expériences passées. Ton cheminement est beau à observer. En partageant avec nous ta sagesse de vie, on apprend à notre sujet aussi en même temps. Je vois en toi tellement de force et de courage. Des fois je me dis que ce que j'aime en toi est probablement en partie "qui" j'aurais voulu être mais ne suis pas encore capable de devenir.

    Tes qualités et tes talents sont multiples. Tu ne les reconnais pas et ton humilité me rend folle mais ça fait partie de ton magnétisme. T'es magique et tu ne le sais pas! Je t'admire beaucoup et je ne cesse d'être ébahie devant toi. Il y a bien des choses que tu as dites dans ton texte que j'aurais pu dire moi-même. Des choses que j'ai comprises il y a bien longtemps et que j'ai vécues. Des choix de vie que j'ai faits ressemblent aux tiens. Je pense surtout à la partie où tu dis qu'il n'y a pas une seule vérité et que tout le monde a la sienne, qu'il faut accepter et aimer sans juger autrui, etc. Mon cheminement a fait exactement ça. Je n'ai jamais été aussi bien avec moi-même qu'après avoir décidé d'assumer cette croyance dans ma vie. J'ai abandonné l'idée des religions fondatrices et modes de pensées déjà pré-construits. J'ai opté pour l'ouverture d'esprit, l'apprentissage éternel. Je ne suis qu'une miette dans cet univers et "je ne connais pas ce que je ne connais pas". Je crois qu'en décidant de croire quoi que ce soit, on se limite déjà à l'apprentissage potentiel et à la croissance. Il FAUT être ouvert à apprendre et comprendre du nouveau. La vie est comme ça. Tout ce qui existe au fond n'est qu'une OPINION. Une perception de quelqu'un. Et personne détient la vérité, seulement SA vérité selon SA perspective. Rien est totalement vrai ou totalement faux. On a que notre expérience et elle est malléable, instable, en constante évolution. C'est en gros ce que tu dis aussi si j'ai bien compris.

    J'ai vraiment connecté avec tes paroles. La vraie sécurité dans la vie est d'être flexible et prêt à changer. Voilà une sagesse. Je t'admire pour avoir dit au monde entier ta vérité d'aujourd'hui. Qui sait ce que demain t'apportera. Mais pour l'instant, tu es felxible, mais en sécurité dans ton ouverture. Tu émanes une puissance extraordinaire. Cette puissance est ta flexibilité, ton respect d'autrui et ton ouverture d'esprit. Tu as bien d'autres qualités, mais pour une autre fois! ;)

  • #3

    Denis Manseau (Monday, 07 May 2018 09:18)

    Beau témoignage très inspirant Karine. Merci d'être le modèle libre que tu es!
    Denis