La vie en analogue

Avec la pandémie, j’ai senti un besoin critique de stepper back des réseaux sociaux. J’ai réalisé à quel point cet environnement est toxique et générateur d’anxiété, propagateur de désinformation et créateur de dépendance. Le genre de choses qu’on sait déjà, mais qu’on oublie beaucoup trop facilement. 

 

Suivant le sevrage initial, le résultat dans mon humeur, ma capacité de me concentrer et ma productivité générale ont été remarquables, mais aussi la qualité de ma PRÉSENCE. Avec les autres (surtout mon fils vu les circonstances) mais en particulier la présence avec moi-même et la présence avec la vie. J’ai d’ailleurs repris la méditation pas longtemps après et entrepris de scanner mes pensées de façon plus systématique : d’écouter en dedans. M’est venu un retour sur des concepts vraiment terre à terre, l’essentiel, et je ne parle pas de faire mon propre pain ou de changer mes produits ménagers pour du bio. 

 

Dans mon métier d’artiste, j’ai choisi à la base une discipline très CHARNELLE, à l’opposé de ma formation de graphiste. C’est-à-dire littéralement dans la peau des gens, dans une grande proximité. J’ai toujours senti le privilège de cet art très concret et son ancrage à la chair, le côté raw et même tribal de l'acte. Cela fait presque vingt ans que je pratique le tatouage, et j’ai toujours la certitude qu’il est au cœur de mes valeurs. D’avoir été forcée de prendre une pause m’a permis de faire les ajustements nécessaires dans l'alignement de ma vocation, pas en travaillant plus, mais plutôt en travaillant mieux, avec plus d’application, plus d'attention.

 

Ensuite, j’ai commencé une réflexion autour de la simplicité. Celle-là imposée par la perte de revenu. J’ai revu toutes mes dépenses et élagué tout le superflu. Et tout à coup, miracle, j’ai soudainement beaucoup plus d’argent que je le pensais. C’est ce qui m’a permis pendant l'année de diminuer mes heures de travail et par conséquent soigner ma santé mentale et physique, de prioriser le temps en famille et faire plus de place à ma propre créativité. La beauté est que ce recentrage a eu comme effet d’être également plus performante pour mes clients. La joie dans mon quotidien et la qualité de mon travail ont fait un bond quantique.

 

Ma dernière lutte interne est à propos du mythe répugnant que toute créativité doit être monétisée. Aujourd’hui, il est très difficile d’avoir un output créatif sans être constamment harcelé pour le marchandiser. Une partie de moi est révoltée par le concept et je refuse maintenant de produire quoi que ce soit massivement, fait en chine, dans des conditions non-éthiques et polluantes et qui fait la promotion de la surconsommation. Je trouve l’impression numérique dépourvue d’âme et je cherche toujours un moyen d’être plus proche et plus vraie avec mon œuvre.

 

(Edit : 5.02.2023) Vers la fin de cet hiver-là m’est venue l’idée brillante de reconnecter avec la linogravure, une méthode d’impression expérimentée lors de mes études, mais que je n’avais jamais retouché. J'ai exploré le médium pendant quelques mois, puis l'ai mis de côté pour retourner à mes crayons. Même ça, je trouvais que c'était trop de choses et d'espace investi, sans parler des résidus de vinyle générés qui m'ont rapidement rendu mal à l'aise.

 

De plus, j’en avais marre d’être dans « l’echo chamber » artistique : le concept que l’on reproduit ce que l’on voit, créant davantage du « même », trending. J’ai envie d’explorer une créativité inspirée, oui, mais pas contaminée. Un téléphone sans aucun Facebook, Instagram, Reddit ou autre, c'est paniquant au début : beaucoup de vacuité, beaucoup de temps seuls dans nos pensées, BEAUCOUP de temps récupéré.

 

Je me suis acheté un BBQ (cuisson analogue!) pour mettre sur le patio où je prends mon café le matin. Je prends des marches et des photos de bibites (mon Instagram de photos est ici!). Je fais pousser des plantes et je rêve de jeu de rôle sur table. And lo and behold, j'ai même recommencé à lire de vrais livres. J’écoute des podcasts qui nourrissent l’âme, j’écris dans mon journal PAPIER des choses que personne ne lira jamais.

 

Bref, j’essaie de continuer de vivre ma vie du cœur, un peu chaotique et en déconstruction, dirigée par mon intuition et non le prochain hit de dopamine sur Facebook, réceptive à l’abondance et avec foi dans le courant.

 

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