Life sucks

Ou “Les circonstances des autres”

 

Des fois, je me sens mal.

 

Tous les messages et projets de tatouage que je reçois ont une histoire, le plus souvent tragique. Des gens ont combattu le cancer, perdu un proche, se sont sorti de relations abusives, ont combattu la dépendance and so on.

 

That’s EVERYONE’S story. Tout le monde à des circonstances, c’est la nature de la vie. Mais dans notre égocentrisme profond, brainwashé aux idéaux par la publicité et les médias sociaux, on vit avec la fausse impression que tout le monde a une vie parfaite sauf nous autre.

 

Moi aussi, j'ai des circonstances. J'ai souvent des périodes de dépression assez brutales, de l’insomnie pour plusieurs nuits, des montées d'anxiété qui m'empêchent parfois de travailler ou de quitter la maison pour plusieurs jours. J'ai aussi un fils autiste de 7 ans (avec l’intelligence de 12, l’attitude de 16 et la gestion émotionnelle de 4) qui me demande tout mon petit change d'énergie, de patience et d'adaptation. Souvent, je suis fatiguée. Très fatiguée.

 

Moi aussi, j'ai vécu une pandémie. Parfois sans revenu, sans savoir pendant plusieurs semaines comment j'allais me nourrir. Pour ensuite demander la charité au gouvernement pour une bouchée de pain, sans savoir à quel moment je pourrai de nouveau travailler, mais surtout sans savoir si je serai en état mental et physique de le faire. On n’a pas tous eu les mêmes difficultés, mais on va tous en souffrir les séquelles pour plusieurs années.

 

Malgré tout, j'essaie de ne pas laisser mes propres circonstances être dans le chemin de ma vocation. J'essaie d'être le parfait tapis d'entrée pour accueillir les gens avec LEURS circonstances. Parce que c'est plutôt ça mon travail : être un agent de guérison ou d’actualisation pour les maganés de cette terre.

 

Mais malheureusement, je ne peux pas prendre soins de tous les maganés. Donc quand je dois dire non au projet de la femme qui vient de faire sa 3e fausse couche ou la personne qui fête sa 20e année de sobriété, ça me soul crush un peu. Parce que je suis empathique à leur situation et que j’aime faire plaisir. Dans mon propre petit univers égocentrique à moi, j’aime qu’on m’aime et qu’on apprécie le sacrifice de ma créativité pour le bien des autres. I’m a people pleaser like that.

 

Dans mon univers égocentrique à moi, j’ai aussi des besoins. Dont celui de me reposer, de prendre soin de ma santé et de ma famille. Celui d’avoir du temps pour créer d’AUTRE CHOSE que des tatouages pour le monde. Des choses qui sont pour moi, pas pour vendre (!), et qui ne servent à rien d’autre que de me faire plaisir. Crazy idea I know. Je suis encore en train de digérer le concept. Celui de pas avoir besoin de constamment travailler pour mériter d’exister.

 

Je pense que la sauce secrète se trouve dans établir ses propres limites et s’y conformer à tout prix. Donner de notre overflow et ne pas se vider. Tout un défi dans une société où on pense pouvoir tout acheter : l’art, la créativité et l'intégrité d'une autre personne, si on peut se le payer. Une société ou la valeur d’une personne est calculée en productivité et que l’humain est d’emblée instrumentalisé. Que la fatigue est vue comme paresse et la détresse psychologique une faiblesse. Quand on y arrive plus, c’est forcément qu’on n’a pas trouvé le bon supplément ou le bon stimulant.

 

Je ne pense pas du tout que la vie suck. En fait, j'adore la vie, c’est fou, c’est tellement fascinant et passionnant une fois qu’on apprend à bien souffrir. Dans le sens que les expériences douloureuses sont le contre-pied de tout ce qui a de beau et de magique. Y a toute une poésie dans le mélancolique. On a tellement besoin d’être “spécial”. D’être casté dans le rôle de l’être à sauver et pour lequel l’univers se mobilise pour tout donner. Et ce désir d’être une star est au fond ce qu’il y a de plus banal. Ce que j’essaie de communiquer, c’est qu’on joue tous ensemble dans ce grand théâtre qu’est la vie et que nous sommes à la fois chacun la victime et le héros de notre histoire. Avec cette idée, peut-être qu’on pourrait se responsabiliser un peu plus de notre bonheur. Incluant d'accepter gracieusement de parfois se faire dire non.

 

Peut-être aussi qu'on pourrait être un peu plus reconnaissant pour ce que les autres nous apportent. En joie, en beauté, en confort, en plaisir, en support, en écoute. Même si on les paye.

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