Prendre le temps

ou "La vie en analogue" - la suite

Depuis deux ans environ, je pâtis beaucoup physiquement. Après la première année de pandémie, outre mes bibites psychologiques habituelles, j’étais en forme physiquement (plus que je ne l’ai jamais été de ma vie) et j’avais de la vitalité à revendre. J’aimais courir, passer beaucoup de temps en plein air, et danser. J’avais de l’énergie pour entretenir des amis et sortir. Mais depuis, tout est parti down de drain. Il y a environ un an et demi, je me suis (re)mise à souffrir de douleurs chroniques, surtout dans mes articulations (dos, hanches, genoux, cou et épaules), en conjonction avec une looonnngue période de détresse digestive par la fin de laquelle je ne pouvais presque plus rien manger. Ces symptômes vont et viennent, et bien que j’enquête toujours pour en trouver la cause (et donc peut-être une solution?), je n’ai pas d’autre choix que de lâcher prise et vivre au jour le jour avec les capacités de mon véhicule.

 Souvent, je n’ai pas d’énergie et je suis très fatiguée. Mes activités dans une journée sont comptées, et je dois économiser chaque action si je ne veux pas me rendre au bout complètement démolie. Y a des jours comme ça où je n’ai pas pu travailler. Je m’excuse pour les clients que j’ai dû déplacer ou refuser, bien que d’être présente au studio soit ma priorité avec prendre soin de mon garçon. Dans mon post de 2021 “Life sucks” qui est venu juste un mois après “la vie en analogue”, j’avais bien exprimé ma frustration face à mes propres limitations et mon inhabilité à répondre aux demandes de tout le monde, avec leurs circonstances respectives qui peuvent parfois sembler bien pire que les miennes.

 Depuis, j’ai appris (et j’apprends toujours) à prendre le temps. À ralentir tout et à limiter autant que possible les expositions stressantes, même si subconscientes, et la pression sociale à performer d’une certaine manière. “Prendre le temps”, pour moi, c'est étrangement le contraire d'être paresseux. C’est l’effort de ratisser mes pensées et mes occupations pour me ramener à l’essentiel, une élagation constante, une épuration qui distille la plus simple expression de l’existence. Je dors peu (insomnie oblige), et au lieu de me laisser distraire par le flow incessant de la stupidité de l’internet ou le fastfood du divertissement disponible au bout des doigts et m’enliser dans la stagnation, et bien, je médite. Souvent à 4h du matin, assise devant ma table à dessin. Je fais du yoga aussi. À tous les jours, mais un yoga gentil parce que j’ai mal et que c’est la seule chose qui arrive à me délier un peu tout en maintenant le tonus nécessaire au reste de mes activités.

J’ai appris à vivre et respecter mes cycles aussi. Je me suis rapproché de ma féminité et c’est un autre sujet que je souhaite toucher dans les prochaines semaine.

Mon mode de vie actuel s’articule autour de trois axes : douceur, lenteur et simplicité. Et c’est là qu’à chaque jour j’essaie de me ramener, quand l’anxiété ou la culpabilité refont surface. La douceur, c'est la bienveillance que je m’accorde et que j’accorde aux autres, même quand je dis non ou que je dois annuler un engagement préalable. La lenteur, c'est de savourer chaque moment pour ce qu’ils sont, même lorsqu’ils sont inconfortables, appréhender chaque leçon. La simplicité, c'est de faire avec moins. Moins d’objets, moins d’idées et moins de distractions. Le but ultime de ma méditation.